« Je ne suis pas obligée de parler. » Stevy la fixait, d'un air mauvais. Elle se moquait éperdument de cette femme. ''Psychologue''... Tu parles ! Et elle, elle était la petite fille du Pape et de la Reine d'Angleterre ! La jeune Andrews n'avait pas confiance. Surtout pas en ces gens. Ils étaient là pour veiller à ce qu'elle se tape ces journées de corvées. Rien d'autre ! Alors lorsqu'elle lui disait qu'elle pouvait se confier et libérer ce qui pesait lourd sur son cœur de jeune adulte, Stevy avait tout simplement envie de rire. Que cherchait-elle à savoir ? Comment la brunette en était arrivée là ? Mais elle ne voulait pas le lui raconter. Le simple fait d'y repenser lui donnait la nausée, alors inutile de croire qu'elle allait se livrer si facilement à une inconnue... Elle pouvait toujours rêver !

veux pas que... - Non. Il ne montera pas. Laisse-tomber. » Cela avait toujours été ainsi. Il était hors de question qu'un seul de ses amis ou ne serait-ce que son copain ne mette un pied chez elle. Non pas qu'elle n'en avait pas envie, seulement elle avait toujours tenu à ce qu'il en soit ainsi. Il fallait être réaliste, leur situation était plus que modeste et le maigre salaire de sa mère, veuve bien trop jeune, ne suffisait pas. A trois, ils vivaient bien. Du moins, avec le strict minimum. Sa mère se privait pour offrir ce qu'il avait de mieux à ses deux enfants. Son petit frère était destiné à faire grandes et prestigieuses études. Stevy était même fière de cette famille. Seulement, elle avait honte de ce logement, de ce mode de vie, de tout le reste. C'était plus fort qu'elle et elle s'en voulait terriblement de penser cela. Néanmoins, c'était un fait indéniable. Et encore aujourd'hui, Léo ne verrait rien de son petit chez soi. Malgré le regard insistant de sa mère et son désir de rencontrer le jeune homme qui faisait sourire sa fille depuis bientôt plus d'un an et demi... Stevy n'allait pas revenir sur sa décision. « Ne m'en veux pas, s'il te plaît... - Ce n'est pas grave chérie. Bonne soirée, amuse-toi bien. » C'était à lui déchirer le cœur que d'affronter une telle réaction. La déception de sa mère renforçait davantage ses convictions. Par respect pour elle, personne ne devait avoir l'occasion de les humilier ou de leur manquer de respect. Stevy se l'interdisait formellement, quitte à passer pour une sauvage qui ne sait pas recevoir, ou encore une opportuniste. Sa famille devait rester dans cette bulle, à l'abri du monde. Après tout, elle en avait déjà suffisamment bavé. Son père les avait quitté peu après la naissance de Lorik, son petit frère. C'était la version officielle de l'histoire. Trop petite pour s'en souvenir, Stevy ne se rappelait pas qu'en réalité son cher papa avait fait ses valises pour partir on ne sait où avec une traînée... Heureusement d'ailleurs, car de cette manière le deuil avait été fait et elle ne souffrait pas tellement de cette absence paternelle. Sa mère avait toujours été là pour eux, à leur faire plaisir et à leur offrir tout ce qu'elle avait. De quoi la faire encore plus culpabiliser. ...« Ça ne va pas ma puce ? » Elle secoua la tête, reprenant ses esprits. Un sourire en coin de la part de Léo et voilà que tout allait mieux. Dans ses bras, lovée tout contre lui, elle était bien loin de se douter que tout ça allait se retourner contre elle...

Sauf qu'à la place, en franchissant le seuil, elle eut la surprise de voir des cartons. Des dizaines et des dizaines de cartons. A n'en plus finir. « Mamaaaaaaan ! » Que se passait-il ? Des huissiers ? Mais les factures avaient été payées ! Stevy perdit rapidement son sang froid, paniquant à la vue de leurs affaires ainsi empactées. « C'est quoi ce bordel ? - On déménage chérie. - Pardon ?! - On va vivre chez le copain de maman. - Hein ?! Mais... Non ! Je veux pas vivre là-bas ! » Pourtant, elle n'avait pas le choix. Et la surprise avait été nécessaire pour l'y contraindre. Connaissant sa fille, Mrs. Andrews avait vu juste et avait préféré la mettre devant le fait accompli. C'était moche... Mais elle n'avait pas trouvé d'autre solution. « Toi qui te plaignait de l'appartement... Celui de Michael fait le double ! - Je m'en fous qui fasse le double l'appart de l'autre crétin ! - Stevy... Surveille ton langage ! Et viens m'aider au lieu de râler. On doit céder l'appartement avant la fin de la semaine de toute façon ! » Le cauchemar commençait. « Bienvenue chez moi les enfants ! Enfin chez... vous. » Ouais, bienvenue en enfer, blaireau !

« Michael... S'il te plaît... - Quoi ?! Tes gamins me manquent de respect et je devrais m'écraser ?! Je suis encore chez moi, merde ! » D'un revers de la main, l'homme envoya valser la vaisselle disposée sur la table. Le tout alla s'écraser sur le carrelage, dans un énorme fracas. Lorik avait quitté la table précipitamment, alors que Stevy s'était reculée mais avait soutenu son regard avec un élan de provocation capable de le faire entrer dans une colère noire. Une fois encore, une dispute allait éclater et ce sauvage qui leur servait de beau père allait s'emporter. L'alcool le poussait à la violence. Il hurlait, ne se contrôlait plus et ses propos se voulaient irrespectueux et méchants. « Ce ne sont que des bâtards ! De la vermine ! - Michael ! - On vaut mieux que toi, sale c*n ! - Stevy arrête ! » Fou de rage, il aurait pu la tuer s'il avait eu des revolvers à la place des yeux. D'un coup de sang, il s'avança vers l'adolescente, et balança son bras en arrière pour prendre un semblant d'élan. « Non ! » Cette gifle, ce fut Mrs. Andrews qui la reçu. Comme les coups qui suivirent... Partir était la seule solution. Mais pour aller où ? Ils n'avaient plus rien et vivaient au crochet de cette brute. Ces quelques excès de violence dévoilèrent une toute autre facette de Stevy. La douce enfant sombra doucement...

terrain. Ils semblaient contents de les voir rager ainsi. Tout dans la finesse d'un ego sur dimensionné... Tout pour la provoquer et l'énerver. « Les filles, en place pour l'échauffement ! - Pardon ?! Mais vous allez partir ! - Sûrement pas ! - Vous n'avez pas le choix mesdemoiselles ! - Crois-y ! » Hors de question de se laisser marcher sur les pieds. Elle devait déjà s'écraser à la ''maison'', le faire au quotidien. Stevy refusait donc de se taire lorsqu'on cherchait à la priver de sa bulle de liberté. Comment allait-elle tenir si elle ne pouvait plus se défouler au travers du sport ? Non ! Motivant son équipe, elle fit preuve d'une hargne indescriptible. Se retournant pour faire face à l'équipe masculine, elles poussèrent un cri de guerre, levant le poing en l'air. Impossible pour elle de laisser leur créneau, leur terrain ! Ils s'en amusèrent, affichant un sourire en coin. « Vous n'aurez rien du tout. On dégage. - Rêve ! - Apprenez à tenir un ballon ! - Il lança la balle avec force, surprenant l'une des filles qui se le prit en pleine poitrine. - ...Allez vous vernir les ongles et vous échanger des potins ! » Stevy ne pu s'empêcher de partir au quart de tour, se jetant littéralement sur lui. Jusqu'à ce qu'on l'attrape par la taille et qu'on l'entraîne un peu plus loin. « Ouais, calme la furie qui te sert de nana ! » Léo lui faisait face, la tenant fermement par les bras. « Lâche-moi, je vais... - Stevy ! Oh ! A quoi tu joues là ?! - Lâche-moi ! » Elle criait, se débattait, jusqu'à lui retourner une claque. Le silence se fit dans le gymnase. Plus personne n'osait parler. Stevy s'était instantanément figée, incapable de s'excuser malgré l'envie qui la tiraillait. « Regarde-toi... T'as changé. Beaucoup trop changé. - Léo attend... Je vais t'expliquer... - Laisse-tomber. Je ne veux plus te voir. - Léo... - Je te ''lâche'', fous-moi la paix. » Elle n'a jamais pu lui faire part de ce qu'elle pensait. Se faisant virer de l'équipe à cause de son comportement, elle perdit petit à petit tout ce à quoi elle tenait. Le début de la fin ?

venin. « Ça t'arrive de sourire ? - Ça t'arrive de la fermer ? - Du calme Tigresse. Tu vas mordre ? C'est le manque ? - Je vais te tuer ! » Elle s'avança, la rage au ventre et prête à lui faire avaler sa langue. « Hey, on se calme ! » Nathéan passa devant elle et la stoppa. « On nous a fait nettoyer ce matin, va pas écraser sa tête par terre s'il te plaît ! » Mehdi avait à son tour fait son entrée. En guise de réponse les deux bruns n'eurent pas grand chose : un soupir et un sombre regard. Elle sentit le regard insistant de Nathéan sur elle. « Quoi ? T'aurais dû me laisser l'étrangler. » pensa-t-elle, lui décrochant un sourire en s’immisçant dans sa tête. Elle le faisait depuis peu, et s'était entraînée sur tout type de personnes. Dans les transports en commun, elle écoutait les pensées les plus intimes des usagers. Avec pas mal d'interférences, de confusions... Il faut dire qu'elle était loin de le maîtriser. En découvrant ce don, le 25 août au matin, elle avait complètement paniquée, se croyant folle. A présent, elle s'en amusait plus qu'autre chose. « Non Shanice, je n'ai pas piqué ton ignoble rouge à lèvres ! » répliqua-t-elle, alors que la blonde passait le seuil de la porte. « Pardon ? - Ta tête est tellement vide que tes rares pensées résonnent à des kilomètres... - Ah ah ! J'ai presque trouvé à drôle ! - Lucas, lui, ça l'amuse... - Sors de ma tête ! »