MELANIE - « Tu vois cette jeune fille là bas ? Sasha Michaels, oui, la fille de Catherine. Une jeune femme très bien : elle a tout juste 21 ans, de très bons résultats, l'année dernière, elle est arrivée major de sa promo. Très grande militante et apporte son aide à de grandes causes. On a même du mal à la suivre, elle a tellement le coeur sur la main. Pour l'avoir cotoyée de très près, c'est un véritable petit ange : de bonnes manières, une culture solide, le sens du partage. Mon fils a bien de la chance ! Je suis tellement fière de lui, il a décroché la perle rare. Regarde moi ça... Un soir du réveillon, elle le passe à s'occuper de personnes les plus démunis. »
« Mais de rien, c'est avec un grand plaisir que je vous sers ! Vous désirez autre chose peut-être ? Un accompagnement ?... Passez de bonnes fêtes et prenez soin de vous ! ». Sasha avait enchainé toute la soirée sans prendre la moindre pause. Dès qu'on lui proposait de prendre le relai, elle déclinait la proposition. La blondinette était réputée pour ne pas compter ses heures lorsqu'il s'agissait d'entraides et de bénévolats. Sa bonne humeur séduisait les autres volontaires et toutes les personnes conviées à partager ce repas de Noël au chaud. Cette femme admirative qui ne tarissait pas d'éloges sur la jeune Michaels n'était autre que la mère de son nouveau copain. Il fallait avouer que Sasha désirait tout de même l'impressionner pour être dans ses bonnes grâces. Objectif réussi. Cette quinquagénaire ne pouvait imaginer son fils avec une autre. Pleinement intégrée dans la famille, Sasha était conviée à chaque rassemblement et tout le monde se pliait en quatre pour qu'elle puisse se sentir à son aise. Elle donnait l'image d'une femme douce et réfléchie. Toujours bien apprêtée, elle était l'exemple à suivre. A la fac, elle était reconnue pour être l'initiatrice de tendances. Chaque jeune étudiante se voyait mener la petite vie idyllique de cette capitaine des cheerios. Quant aux étudiants, ils étaient nombreux à vouloir passer au stade supérieur avec elle. Pourtant, pour ceux qui la connaissent davantage, ils connaissent une part plus sombre de son histoire. Trois ans auparavant, son frère "adoptif" engagé dans l'armée, Lucas Roberts, a été retrouvé mort. Sasha était passée par une longue phase "déprime". Malgré tous les encouragements de ses proches pour reprendre sa vie en main, elle était totalement effondrée et aucun de leurs mots réconfortants ne semblait toucher l'étudiante. Cette année 2009, la blondinette avait voyagé pour se changer les idées mais chaque escale était un prétexte pour exprimer sa peine en provoquant de nombreux dégâts : ses vacances en Europe de janvier s'étaient soldés par la tempête Klaus avec des toitures envolées, des forêts dévastées... Sasha ne faisait qu'admirer le travail. Son petit séjour en France a été à l'origine de la tempête Quinten de février. En Italie, elle avait déclenché un tremblement de terre à l'Aquila en avril. Un nouveau séisme en Indonésie en septembre sans compter 3 éclipses lunaires et une éclipse totale du soleil, la plus longue du 21ème siècle le 22 juillet 2009. Sasha exprimait souvent son humeur en ayant recours à son don, tout ce qui était relié de près ou de loin à la nature. La Terre était son nouveau terrain de jeu depuis 4 ans. Ici, elle se sentait puissante et n'avait aucune envie de regagner sa planète.
« Je vous souhaite un Joyeux Noël, madame Jefferson... Enfin, entre ses murs, j'aurais tendance à vous appeler, docteur Jefferson ! Oui, oui, tous les cadeaux ont été emballés avec le plus grand soin. On s'est attaché à mettre les noms de chaque enfant hospitalisé ici. Je peux vous aider à faire la tournée des chambres... Nan, nan, vous inquiétez pas. Ma mère comprend que c'est important et en cette période de l'année, ça serait tellement égoïste de le fêter uniquement en famille sans penser aux personnes qui en ont le plus besoin. Non, non, je vous conjure... Ne me remerciez. Au contraire, c'est plutôt à moi de le faire. J'ai passé une excellente journée et voir le sourire de ces enfants, ça n'a pas de prix. ». Faisant face à sa belle mère, un grand médecin réputé, Sasha faisait preuve d'une grande solidarité. On la voyait se démener et s'activer pour que ces petits patients puissent passer la meilleure des journée. Elle avait campé le rôle de la mère Noël et se retrouvait comme membre du personnel à part entière. Encore une fois, elle était parvenue à séduire tout l'hôpital du patient aux plus grands praticiens.
« Allez, on recommence ! Je vous promets qu'on va l'avoir ce concours. Non, non, je veux aucune démotivation. Vous êtes brillants, ne doutez jamais de ça ! ». Et voilà, Sasha aider au prochain concours de danse. La blondinette était douée. Sur scène, elle était vraiment impressionnante. Sur sa planète, elle n'avait pas le loisir de vraiment utiliser un corps "humain" pour se mouvoir de la sorte. En prenant l'apparence humaine à son arrivée sur Terre, la danse lui apparut telle une évidence. Cette sensation de bouger en marquant le rythme d'une musique, tout ça, c'était nouveau pour elle. Plus d'une fois, elle a eu recours à son don pour pouvoir danser sous la pluie avec une température douce. C'est très certainement son petit plaisir.
A cette entrainement, Sasha avait convié sa nouvelle belle mère et l'encourageait à danser en sa compagnie. Au fil du temps, les deux femmes avaient créé des liens. La considérant comme sa propre fille, Melanie Jefferson était véritablement conquise. Sasha avait trouvé une confidente et une vraie alliée en cette personne.
Dans la chambre de Collin, Sasha était effondrée. Elle racontait toute l'histoire à madame Jefferson qui avait juste envie de castrer son propre fils. « Je vous promets ! Je me sens tellement... mal ! J'ai juste l'impression qu'on m'a planté un couteau et qu'il s'est amusé à bien remuer. Quand cette fille m'a dit qu'elle l'avait embrassé, j'avais le sensation que le monde s'écroulait. Je me sentais tellement bien dans votre famille, je me voyais déjà avoir pleins de projets avec Collin. Cette fille... Maéva... C'est pas quelqu'un de bien. Je suis désolée de vous dire ça mais Collin se trompe. Elle a une mauvaise réputation à la fac... Apparemment, ça serait une fille facile qui cherche uniquement à avoir un plus gros palmarès. On m'a dit qu'elle était jalouse de moi et qu'elle cherchait à se venger. Vous... Qui avez un lien avec le doyen de l'université, vous pouvez pas faire en sorte de... Enfin, j'ose pas vous le demander, ça serait pas digne de moi. Mais je me sens pas la croiser tous les jours à l'université ! Ne vous inquiétez pas pour moi... Mais je souffre tellement ! ».
« T'es out ! C'est fini pour toi ! Non, non, tu m'as rien fait mais j'aimais pas ta gueule ! Mais pleure pas, Maéva ! Tu vas bien trouver une autre université... Enfin, vu ce que le doyen a noté sur ton dossier, tu risques d'avoir du mal. Tu veux que je te raconte ? T'as besoin de te faire du mal, c'est ça ? Très bien. Je savais que t'aimais Collin... Ah nan, nan, il m'intéresse pas du tout. J'ai la nausée à chaque fois qu'il pose ses lèvres sur les miennes ! Bref, et ta gueule me revenait pas. Donc je me suis rapprochée de lui et j'ai sympathisé avec toute sa famille et en particulier sa chère maman adorée ! Je me suis tapée des corvées... A devoir entrainer des personnes qui sont mal coordonnées, qui savaient même pas enchainer deux pas ! J'ai passé mon réveillon à servir des clochards quoi ! Tu m'as bien vu ? Le jour férié de Noël, avec ma future ex belle mère, j'ai galéré à emballer des putains de cadeaux à des mômes que je connais pas et qui m'intéressent pas ! J'y ai mis du coeur à l'ouvrage... J'étais hyper crédible. ça m'a bien gavé ! Mais j'ai mis cette femme dans ma poche, elle gobait tout ce que je disais. J'avais mal à la machoire à force de lui sourire comme une conne.
J'ai lancé la rumeur, comme quoi, tu m'avais dit que Collin t'avait embrassé. J'en ai parlé autour de moi et tout le monde t'a pris pour une vulgaire menteuse, tu leur faisais même pitié. Collin l'a su et pour me garder, je lui ai demandé de t'afficher un soir de match... A l'ouverture ! Il a pris ce micro et tu connais la suite. J'ai fait semblant d'être touchée par sa déclaration et toi, t'as été discréditée aux yeux de tous ! C'était jouissif...
Il m'en fallait plus. Je pouvais me contenter de t'avoir grillée auprès de tout le monde mais je voulais que tu vires ! Et quand j'ai raconté à belle maman ce que tu m'avais fait, elle s'est empressée d'appeler le doyen. Elle finance pas mal l'université !
Bon courage pour la suite, Maéva... ».
« Je sais que t'y es pour rien ! Mais je peux pas continuer... Tu comprends, j'ai fondé tellement d'espoir sur notre couple que j'ai pris conscience que je tenais bien trop à toi. Si tu venais à me quitter, je pense que je m'en remettrais pas ! Tu comprends ? Je peux pas être dépendante de quelqu'un comme ça, Collin ! Je préfère que chacun fasse sa petite vie... Non, non, c'est pas une question de temps. Je veux me retrouver un peu, voir ce que ça fait d'être sans toi. S'il te plait, respecte mon choix. Je veux pas que t'aies mal... On se verra aux entrainements, ça changera rien pour nous mais on est plus ensemble. C'est tout ! Faut pas détester cette pauvre Maéva, elle n'a rien fait. Je m'en veux qu'elle ait été virée... Je l'avais demandé à ta mère sous le coup de la colère. Prends soin de toi, Collin ! ».